Gisèle Halimi, une féministe née

Gisèle Halimi fait partie de celles qui sont très rapidement devenues féministes. En effet, son implication pour le mouvement s’est révélée très tôt, dès son enfance.

Photo de Gisèle Halimi en 1977

Gisèle Halimi en 1977

Enfance d'une féministe

Zeiza Gisèle Élise Taïeb est née le 27 juillet 1927 à La Goulette en Tunisie. Son féminisme lui vient des déceptions qu'elle a connues enfant.

Dans un livre qu’elle consacre à sa mère, elle explique que celle-ci ne l’aimait pas, ce qui constitue alors le fondement de sa démarche ayant “voulu que les femmes ne lui ressemblent pas”. Son père, lui, fût tellement déçu d’avoir une fille qu'il mît plusieurs semaines avant de le dire à son entourage.

Dans ce contexte, Gisèle Halimi se révolte contre l’obligation de servir les hommes et d’effectuer les tâches ménagères par une grève de la faim, à 13 ans. Grève de la faim qu’elle avait déjà entamé pour défendre son droit à la lecture. Elle obtient d’ailleurs de bons résultats auxquels ses parents sont malheureusement indifférents, ce qui renforce son indignation.

Carrière de justice

Gisèle Halimi suit ses études supérieures en France, elle obtient une licence de droit et deux certificats de licence en philosophie et devient avocate. Elle commence sa carrière en Algérie, en défendant notamment le Front de libération national dans les années 1950. L'avocate médiatise également le procès de la militante Djamila Boupacha avec l’aide de Simone de Beauvoir.

Enfin, elle s’inscrit au barreau à Paris en 1956 et poursuit sa carrière d’avocate en France. Elle devient alors une figure du féminisme français.

« Être avocate, pour moi, c'était le moyen de tenter de changer ce que je n'aimais pas dans ce monde : l'injustice, le rapport de force, le mépris des humbles, le mépris des femmes. »

- Gisèle Halimi

Lors de la parution du manifeste des 343 en 1971, elle est la seule avocate à l’avoir signée. Ce manifeste a été signée par de nombreuses femmes reconnaissant avoir eu recours à l’avortement et réclamant un accès libre aux moyens de contraception.

Encore avec l’aide de Simone de Beauvoir, elle fonde le mouvement “Choisir la cause des femmes”. L'association oeuvre pour la dépénalisation de l’avortement. Cette lutte pour le droit à l’avortement sera son combat principal en tant qu’avocate et députée.

Procès marquants

Ses différentes défenses en tant qu’avocate permettent de faire évoluer les lois. Ainsi, sa défense de trois femmes accusées d’avortement illégal en 1972 contribue à l’adoption de la loi Veil sur l’IVG 3 ans plus tard. En 1978, elle défend deux femmes victimes d’un viol organisé lors d’un procès très médiatisé. Plus tard, la sénatrice Brigitte Gros utilisera plusieurs plaidoiries de Gisèle Halimi concernant des victimes de viol pour proposer une loi. En 1980, le gouvernement adopte cette loi. Le viol est enfin reconnu comme un crime passible de 15 ans de réclusion. Ces deux évènements donnent lieu à la production de deux téléfilms: "Le procès de Bobigny" de 2006 et "Le viol" de 2017.

Photo de Gisèle Halimi avec Marie-Claire Chevalier et sa mère lors de leur procès en novembre 1972.

Gisèle Halimi avec Marie-Claire Chevalier et sa mère lors de leur procès en novembre 1972.

A partir de 1981, elle entame une carrière politique, durant laquelle elle continue de mener ses combats. Ainsi, elle siégera à l’assemblée nationale jusqu’en 1985. Gisèle Halimi occupe également plusieurs postes à l’UNESCO et à l’ONU. Elle continuera de défendre ses causes jusqu’à son décès le 28 juillet 2020 à Paris. Elle aura marqué l’histoire du féminisme moderne en France à la manière des Suffragettes à leur époque. Aujourd’hui, de nombreuses associations féministes, des pétitions mais aussi la ministre de l’égalité entre les femmes et les hommes réclament la panthéonisation de Gisèle Halimi. Cependant, l’engagement de la militante pendant la guerre d’Algérie remet en cause cet évènement.

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